Une deuxième série : « Lecture du Nu », présente dans un souci constant d’esthétisme, une vision de l’érotisme d’hier et d’aujourd’hui ; illustration de l’aspect éphémère de la beauté, à travers l’apparence désuète de la carte postale de 1900 que l’œil de l’artiste métamorphose sans toutefois la dénaturer. La photographie de pierre Alivon, éphémère, elle aussi, amène un autre regard sur cette femme, à laquelle rêvaient les hommes soumis à l’horreur de la guerre dans les tranchées ou déçus par des mariages de raison, la rapproche du XXIème siècle en la dotant de tatouages, en la robotisant, en la couvrant de mécanismes ou de traits préparant à une opération esthétique. Prophétie de l’avenir tel qu’on aurait pu l’imaginer il y a plus de cent ans ou vision rétrospective du passé tel qu’on le voit du XXIème siècle ? Préfiguration de notre avenir ? Difficile de trancher.

On s’attarde devant ces créations qui portent en elles un profond parfum d’érotisme qui ne se limite pas à la seule nudité des personnages, peu montrée en 1900 mais banalisée à notre époque, érotisme qui surgit dans un jeu de miroirs qui reflète nos pensées, nos désirs, nos fantasmes.On s'étonne devant la représentation de l’éternel féminin face à un miroir qui ne renvoie pas l’image qu’on attend et nous attire dans un monde où la réalité s’estompe au profit du fantastique. On réfléchit aux préoccupations futiles de nos contemporains tiraillés par des valeurs factices (argent, sexe, pouvoir, surconsommation, importance donnée à l’apparence physique, illusion d’un monde meilleur...) et qu’ils projettent sur la femme qui devient tour à tour femme poupée, femme objet, femme robot, femme sacrée ...). On est assailli par un brin de nostalgie en évoquant l’époque où le temps se mesurait au gré des saisons et non aux évolutions innombrables des produits high tech.Par un double jeu, et double travail sur l’espace – temps et sur la nudité, Pierre Alivon nous entraîne dans un monde rétro-futuriste érotique plein de surprises et de créativité.